lundi 25 mars 2019

Atmosphère, atmosphère ! L'Hôtel du Nord. Eugène Dabit

L'Hôtel du Nord / Eugène Dabit

Ecrit en 1927-1928, L'Hôtel du Nord est l'un de ces romans qui vous rappellent qu'il y a eu un Paris populaire, ouvrier, avec ses ballons de rouge que l'on vide d'un trait pour se remettre d'une journée de labeur. Les dimanche chômés, où l'on va prendre un air de campagne à Villeparisis où flâner du côté du Canal Saint-Martin.


Emile et Louise Lecouvreur signent un bail pour reprendre l'Hôtel du Nord. Bien vite, ils prennent le rythme, servent des verre d'anisette ou de vieux bourgogne. Emile joue à la manille et écoute les ragots, Louise fait les chambres, le travail ne manque pas, les affaires sont florissantes. La clientèle est ouvrière, besogneuse et ne rechigne pas à boire un coup, les chambres petites, on ne donne pas dans le luxe.

Le roman nous propose une galerie des clients, des amours contrariés et malheureux, des jeunes femmes naïves, des hommes rustres, tour à tour charmeurs et violents. C'est aussi la montée des idées de gauche, avec les manifs du 1er mai.

L'Hôtel du Nord est un roman d'atmosphère, pour faire écho à la réplique d'Arletty, dans le film éponyme adapté une dizaine d'années plus tard.



C'est le roman de l'argot parisien, illustré dans les années 10 par Francis Carco, on a aussi en tête le

fabuleux roman Les coups de Jean Meckert, sur l'itinéraire d'un ouvrier de la capitale, publié en 42. Pour les aficionados du roman noir, Meckert a publié à la Série Noire sous le nom de Jean Amila.

On retiendra aussi que tous les ans, dans l'Hôtel du Nord qui existe toujours, est remis le Prix Eugène Dabit du roman populiste, qui a récompensé des auteurs comme Sartre, Vautrin, Mordillat, Daeninckx, ou plus récemment l'excellent roman Après le silence de Didier Castino. Tous ces romans mettent en lumière les petites gens. 

L'Hôtel du Nord est l'un de ces romans qu'il est bon de relire de temps en temps, comme on savoure un alcool d'une autre époque.

L'Hôtel du Nord / Eugène Dabit. - Gallimard / Folio. 220 p.


mercredi 20 mars 2019

Hommage à Dick Dale (1937-2019)

Ça commence à devenir une habitude mais il va falloir s'y faire vu l'âge avancé des légendes des 60's, Ouais ? se fend d'un nouvel hommage, cette fois-ci au récemment décédé Dick Dale, mythique guitariste au jeu novateur (pour l'époque) qui fera de lui le King of Surf Guitar. Au même titre que le prodigieux Link Wray, Dick Dale, de son vrai nom Richard Monsour, est un pionnier du rock instrumental des années 60 qu'il aura contribué à façonner à travers un jeu rapide et puissant baignant dans un océan de reverb à faire baver n'importe quel fan de dub enfumé. 

Pour ceux du fond qui n'auraient pas suivi, Dick Dale c'est surtout ça :


Un morceau de 1962 qui sera sorti du placard en 1994 par Quentin Tarantino pour l'ouverture de son légendaire Pulp Fiction. A noter d'ailleurs que la version présente sur la mythique BO du film est en fait la version sortie en single, assez différente de celle présente sur son album de la même période, Surfer's Choice (qui comprend malgré tout une bonne partie de titres chantés, un comble pour un roi de la musique instrumentale !), une version pleine de violons qui renvoient aux origines de cette chanson :



Aux origines de cette chanson ? Bah ouais, Misirlou (ou Miserlou) fait partie de ses nombreuses chansons qui sont en fait des reprises. Issue du répertoire rebetiko (l’équivalent Grec du blues), elle aurait été interprétée pour la première fois en 1927 par l’orchestre de Michalis Patrinos. Selon certaines sources, il s’agirait d’une adaptation grecque d’une mélodie orientale traditionnelle (Turques, Arabes, Arméniens et Juifs s’en disputent l’origine). Au début des années 30, le musicologue gréco-américain Nicholas Roubanis en réalise une transcription en se créditant lui-même compositeur.

Par la suite, les américains Bob Russell, Fred Wise et Milton Leeds ont ajouté des paroles anglaises sur ce thème qui sera interprété dans les années 50 par de nombreux ensembles lounge et exotica : Xavier CugatKorla PanditCharlie VenturaWoody HermanMartin Denny, ... En 1962, le guitariste Dick Dale en signe un arrangement qui fera référence et qui deviendra tellement populaire que de nombreux groupes de surf-rock en feront une reprise : les Beach BoysThe Lively OnesJohnny & The HurricanesThe TrashmenLaika & The CosmonautsThe SurfarisThe Astronauts, … Bref, des versions différentes de Misirlou, on en compte des paquets, et on vous épargne la version par les Black Eyed Peas qui illustre le film Taxi 4. Par contre, on ne fera pas l'impasse sur celle-là :

 
  
Et en bonus, une petite version ska par les allemands Yellow Umbrella :

 



vendredi 1 mars 2019

Les conseils TV de Ouais ?

Ce lundi 4 mars 2019, France 3 rediffuse Le Clan des Siciliens, un film de 1969 signé Henri Verneuil, spécialiste du polar à la française. Malgré la présence de grands noms du cinéma tels que Jean Gabin, Alain Delon ou Lino Ventura, Ouais ? ne l'a pas encore vu mais connaît parfaitement sa musique, une partition entêtante signée du maestro Ennio Morricone :


Un thème qui sera notamment repris dans Astérix aux Jeux Olympiques, dans la comédie Seuls Two d'Eric & Ramzy, ainsi que par le déjanté saxophoniste John Zorn par 2 fois, une première en 1990 au sein du groupe Naked City :

 

Et une seconde fois en 2000 pour la réédition de l'album hommage à Ennio Morricone, The Big Gundown :


Sinon, mardi prochain, le 5 mars, il sera difficile de choisir entre la comédie familiale Rasta Rocket sur Gulli ou sur NRJ 12 Heat, un face à face de 3 heures entre Al Pacino et Robert De Niro sous la houlette du producteur de Deux flics à Miami


Jeudi 7 mars, vous avez le choix entre LOL, nanar avec Sophie Marceau sur M6, ou Pale Rider, un western crépusculaire et fantomatique diffusé sur France 3. Chez Ouais ?, on aime bien les nanars mais faut pas trop pousser non plus. Donc on opte pour Pale Rider, avec un Clint Eastwood aussi habile à prêcher la bonne parole à des chercheurs d’or qu’à manier le Colt Remington pour anesthésier ceux qui voudraient les chasser de leur terre. Clint Eastwood, après la période spaghetti, fait des heures sup’ dans le western. Pale Rider est dans l’esprit assez proche de Josey Wales hors-la-loi, plus verbeux mais tout aussi efficace. Désolé pour les aficionados de Sophie Marceau, mais avec le printemps qui va arriver, on devrait bien avoir une énième rediffusion de La Boum sur le petit écran. On vous promet alors une analyse pointue de Reality, le chef d’œuvre de musique spectrale signé Richard Sanderson.


Hommage à André Prévin

Chez Ouais ?, on aime bien les grands écarts, et à cet égard nous souhaitions rendre hommage au récemment décédé André Previn (1929-2019), pianiste et chef d'orchestre reconnu dans le domaine de la musique classique mais également capable de nous pondre quelques excentricités 70's telles que cette superbe BO de Rollerball, mythique film SF des années 70, qui voit Jean-Sébastien Bach ou Dimitri Chostakovich côtoyer des pépites funky de ce genre : 

A noter que ce chaud lapin (il fut marié 5 fois, dont à l'actrice Mia "Rosemary's Baby" Farrow ou à la violoniste Anne-Sophie von Mutter) baigna aussi dans le jazz en tant que pianiste, en leader ou en accompagnant Shelly Manne ou Benny Carter. C'est également à lui (et à sa femme de l'époque, Dory) que l'on doit cette chanson composée pour Frank Sinatra (qui fût également marié à Mia Farrow en 1966, année de l'enregistrement de cette chanson, de là à supposer des choses cela ne nous regarde pas...) :