Vernou-la-Celle sur Seine, dans le sud Seine-et-Marne (prononcez sept-sept). On y est bien loin de Paris mais pas non plus vraiment en province. Des champs, verts, et la terre grasse, marron.
Le narrateur, un jeune sans repère, ne prendra pas le car pour aller au lycée ce matin. Il va squatter l'arrêt de car, poser son cul sur le béton froid et regarder passer les voitures devant l'arrêt de car, souillé de tags au correcteur blanc.
Quand il décide de s'allumer un joint, tout défile devant ses yeux. Le père Mandrin, un paysan qui craint l'arrivée de la banlieue, un gueulard sans cesse juché sur son John Deere. Enzo le traître, un ancien pote de glande et la fille Novembre, une fille dure, habituée aux coups du Père Novembre. La jeunesse marquée par la violence, l'ennui, les jeux à la con dans les champs et la fête foraine une fois par an, la cité de Champagne-sur-Seine quand on cherche vraiment la merde.
Le personnage, qu'on ne nomme pas, a eu une jeunesse difficile, un père qui l'élève comme il peut, les railleries de ses camarades. C'est un jeune qui a découvert le shit avec le grand Kevin, débarqué du 9-3. Il se cherche des modèles, profondément déboussolé.
Alors cette fois, il ne prendra pas le car, va fouiller dans les poches de son survet' et prendre le pocheton de marocain acheté chez le Samouraï, un type qui vit dans les bois. Le cul vissé sur son bloc de béton, la capuche sur la tête, il va laisser glisser la journée. Demain est un autre jour.

Il manque peu de choses pour faire de 77 un très bon roman, mais on est resté un peu sur notre faim, sans trop savoir pourquoi. Peut-être cette volonté de mêler poésie / slam à un récit qui a vraiment de la gueule, mais dont le message est parfois brouillé.
77 reste un bon roman de cette rentrée littéraire, et ça fait du bien de voir un roman français qui ne parle pas des turpitudes d'une jeunesse parisienne sniffant de la coke achetée grâce aux virements bancaires mensuels de papa et maman.
77 / Marin Fouqué. - Actes Sud, 2019. 218 p.