dimanche 29 mars 2020

Hommage confinés

En cette période étrange, Ouais ? sort de son silence non pas pour rédiger un journal de confinement (trop évident) ni proposer un morceau acoustique de chez soi ou bien encore étaler une science qu'il n'a pas à propos du Coronavirus, mais pour rendre hommage aux nombreux artistes récemment décédés :

Bob Andy (1944-2020) : un des plus grands songwriters jamaïcains, auteur de tubes intemporels comme I've got to go back home, Unchained, Too Experienced, My time, Desperate Lover, I don't want to see you cry, Feel like jumping, Always Together ou Young gifted & black (en duo avec sa compagne, la grande Marcia Griffiths), des classiques qui seront repris par Gregory Isaacs, Dennis Brown, John Holt, The Bodysnatchers, Daddy Nuttea, Barrington Levy, UB40 et plein d'autres
Son magnifique album Bob Andy's Songbook est en écoute sur le Bandcamp de Studio One :



L'excellente émission de radio américaine Algoriddim lui a également consacré une très bonne émission en 2008, à réécouter ci-dessous :





Manu Dibango (1933-2020), grande figure de la musique d'origine camerounaise, auteur de pépites comme Soul Makossa bien sûr, mais aussi Electric Africa (avec Bill Laswell et Herbie Hancock), Iron Wood, Baobab Sunset, Ah ! Freak Sans Fric, Poinciana, Africadelic, ou Africa Boogie. Parmi la pléthore de disques qu'il a enregistrés au cours de sa longue carrière (décédé à l'âge de 86 ans, il continuait de donner des concerts dont ce spectacle donné à l'occasion de ses 60 ans de carrière en 2019), quelques curiosités dont ce disque de 1979, Gone Clear (aussi connu sous le nom de Rasta Souvenir) où il donne une vision jazzy de classiques du reggae en compagnie de la mythique section rythmique composée de Sly & Robbie



 
Parmi les décès récents, notons également le compositeur et chef d'orchestre Krzysztof Penderecki (1933-2020), responsable l'année dernière d'une belle version de la symphonie n°3 d'Henryk Górecki chantée par Beth Gibbons de Portishead :

 


Ainsi qu'Albert Uderzo (1927-2020), l'un des 2 papas d'Astérix, par ailleurs parolier de quelques chansons accompagnant les dessins animés, mais pas celles de ce morceau inoubliable qui, contrairement à ce que dit Soulseek, Youtube ou Chinese Man, ne s'appelle Le pudding à l'arsenic mais Le gâteau empoisonné :



Ou Albert Craig dit Apple Gabriel, membre fondateur d'Israel Vibration, groupe reggae ayant la particularité de n'être formé que par des chanteurs atteints de poliomyélite, auteur d'un magnifique premier album sur lequel on retrouvait leur tube, The Same song



Et toujours dans le monde du reggae, Delroy Washington (1952-2020), chanteur anglo-jamaïcain, auteur de 2 bons albums pour Virgin/Front Line à la fin des 70's : 



Enfin, dans un autre style, Gabi Delgado (1958-2020), fondateur du groupe D.A.F., pionnier dans les 80's de la Neue Deutsche Welle (en gros la new wave allemande), interprète de tubes electro-punk provocateurs comme Der Mussolini :

 

dimanche 1 mars 2020

Aires. Marcus Malte

Marcus Malte est un auteur qui prend régulièrement des chemins de traverse. Prix Femina 2016 avec Le Garçon, quelques escapades en noir avec le joyau Garden of Love, voici qu'il arrive sur les autoroutes avec Aires, le roman qui nous intéresse ici.

C'est un ouvrage ambitieux, de plus de 400 pages, un roman choral, virtuose dans sa langue et son architecture. Débutant dans une novlangue futuriste, il nous projette rapidement sur des aires d'autoroute, en un mois d'août brûlant. Une galerie de personnages vont se succéder. Du routier au vacancier, nous suivrons leurs états d'âme, l'occasion de faire un bout de route avec eux, de regarder dans le rétroviseur leurs parcours, leurs révoltes, leurs rêves et ambitions. Avec un constat à chaque fois, celui d'une société malade, à bout de souffle. 

Une paternité foirée, le cancer, le sens de la vie, les politiques-tous-pourris, une DG qui craque, la fin d'un amour qui a donné naissance à deux enfants, les projets d'avenir de deux tourtereaux. La vie à 130 kilomètres par heure, la deux fois deux voies avec ses dangers, ses glissières de sécurité et les cafétérias de l'Arche.



Nul ennui dans ce long roman singulier, plutôt une mélancolie tenace une fois la dernière page tournée. Un ouvrage de son temps, celui d'un monde absurde qui se meurt. 

À ne surtout pas manquer.

Aires / Marcus Malte. - Zulma. 2020. 487 p.