mercredi 6 février 2019

Et bonne année hein. Sérotonine, Michel Houellebecq

Sérotonine / Michel Houellebecq

Un Houellebecq qui sort crée à chaque fois un frisson dans le monde de l’édition littéraire, et même au-delà. On épluche le texte ou on ne le lit pas, mais chacun a son avis tranché, plutôt sur l’auteur lui-même que sur son dernier roman.

Disons-le de suite, l’équipe de Ouais ? n’a pas lu l’intégrale de Houellebecq et n’est donc pas spécialiste de son œuvre. On avait seulement lu La carte et le territoire, Prix Goncourt 2010. Et c’est un sacré bon roman, interrogeant les relations père-fils, le monde de l’art, avec cette façon de nommer précisément les choses, en utilisant des références à des marques précises, plutôt que de tourner autour du pot pendant trois paragraphes.

Sérotonine, paru après le sulfureux Soumission (on ne l’a pas lu donc on ne vous en parlera pas), décrit la longue descente aux enfers de Florent-Claude Labrouste.

Florent-Claude Labrouste a la quarantaine, il est ingénieur agronome (comme Houellebecq), il fume comme un pompier (comme Houellebecq), et tous les matins, il prend une capsule de Captorix 15mg, un anti-dépresseur nouvelle génération.

Florent-Claude Labrouste, désormais réduit à l’impuissance sexuelle par son traitement, se souvient de ses conquêtes féminines, décrits dans des passages pornographiques par l’auteur. Des passages revenant fréquemment et qui ne manqueront pas  de donner du grain à moudre aux détracteurs de Houellebecq. Petit à petit, s’effondrant devant l’échec patent de sa vie, Labrouste quitte son travail, s’isole en Normandie, loge dans les rares hôtels encore fumeurs. La solitude, la dépression puis la folie vont le conduire à s’enfermer dans un studio Porte de Clichy à Paris. À ce moment, Florent-Claude Labrouste est foutu.

Sérotonine est aussi, et surtout, un roman social, bien ancré dans son époque. La crise des agriculteurs qui ne peuvent pas vivre de leurs revenus, une Europe étouffée par les bureaucrates, la solitude et l’individualisme, Houellebecq voit plutôt juste avec le regard noir et caustique qu’on lui connaît, et les récents événements ne sauraient lui donner tort.

On pourra arguer ici et là que Houellebecq est un misogyne ainsi qu'un foutu réac’. Ouais ? n’a pas eu cette impression. Sérotonine est un bon roman, qui gratte un peu là où ça démange, où l’on est partagé entre vouer l’auteur aux gémonies et le porter aux nues deux lignes plus tard, parce qu’il agace mais balaie tout ça d’un trait d’humour noir brillant.


Sérotonine n’est pas le livre de l’année, certes, mais un livre qui va compter et dont on reparlera.

Sérotonine / Michel Houellebecq. - Flammarion. 2018. 352 p.

lundi 4 février 2019

T'as vu y'a Alan Stivell à la Cigale ? Hein, quoi Steven Seagal ?

Ce soir, lundi 4 février, concert d'Alan Stivell à la Cigale, mais chez Ouais ? on préfère quand même Steven Seagal qui, quand il ne joue pas dans des films cultes, pousse la chansonnette de temps à autres, notamment sur cette superbe reprise de My Boy Lollipop :


A la base, My Boy Lollypop (avec un y) est un morceau de 1956 interprété par la chanteuse R&B Barbie Gaye :


Au début des années 60, le Rhythm & Blues américain donne naissance au ska jamaïcain. Un des titres qui va faire connaître le ska dans le monde est une version de My Boy Lollipop par la toute jeune Millie Small (17 ans si nos calculs sont bons). Cette version sera si populaire que les monsieurs je-sais-tout du web 2.0 affirment que la version originale de 1956 est un morceau de ska (même si elle date d'avant la naissance du ska) :


La même année que la version de Millie Small, les yéyés ne perdent pas de temps et adaptent très rapidement en français cette chanson qui deviendra C'est toi mon idole par Agnès Loti, Les Gam's (formées par des choristes de Gilbert Bécaud) ou Les Mitoufle :




Bref, des versions de cette chanson il y en a des paquets, peut-être même qu'Alan Stivell la reprendra après avoir lu ce post...