On peut lire des romans pour se détendre, des polars qu'on ne peut lâcher plus trépidants qu'une semaine au bureau ou des romans à l'eau de rose pour tromper l'ennui d'une vie conjugale terne. Ce sont des petits plaisirs bien légitimes. Mais il faut parfois se souvenir que la littérature sert aussi à faire grandir, à ouvrir des perspectives et à appréhender le monde.
En France, nous avons quelques rares écrivains qui s'attellent à cette tâche. Un style, des idées, de l'humour. Patrick Deville, Jean Rolin pour ceux que nous avons lu. Des artistes au sens noble du terme, grands voyageurs, éloignés des bassesses matérielles.
On s'est donc plongé dans Amazonia avec bonheur. L'auteur relate un voyage avec son fils sur le fleuve Amazone, de l'Atlantique au Pacifique, traversant le Brésil, l'Equateur. Aux ingrédients du roman d'aventure classique, l'auteur y ajoute une touche familiale. Celle d'un père et d'un fils qui n'ont jamais su trop s'apprivoiser, une entente cordiale, un respect mutuel en quelque sorte.
Mais Patrick Deville, comme dans ses précédents romans, ajoute à sa palette une pléiade de références littéraires, cinématographiques, géographiques, historiques autour de l'Amazonie. Cendrars et son Moravagine, Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog, de Pizarro à Bolsonaro, des invasions espagnoles à l'exploitation du caoutchouc, Deville nous procure l'envie de lire, d'apprendre, de savoir. La bibliothèque de bord en annexe promet de longues heures de lecture à qui prendra le temps.

Amazonia / Patrick Deville. - Seuil, 2019. 295 p.
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